La pandémie et la guerre en Ukraine provoquent un pic de créativité dans le secteur. Aussi pour Kris et Katrien de Krismar, qui construisent des motorhomes de luxe et des camions pour chevaux, en passant par les utilitaires pour 2 chevaux, coordonnés depuis Zwevezele. Une conversation sur la vision, la rapidité d’action et la famille.
Dans le nouveau bâtiment moderne au pied de la zone industrielle de Hille, nous nous asseyons avec les inspirateurs de Krismar, Kris et Katrien. Krismar, quant à elle, se compose de camions pour chevaux, de homecars et d’écuries. L’entreprise compte environ 250 employés, répartis entre le point de vente et d’atelier à Zwevezele, en Belgique, et trois usines en Hongrie. En outre, elle peut compter sur un vaste réseau de concessionnaires en Europe.
Il y a tout juste 15 ans, le couple a construit son premier camion pour chevaux parce qu’il croyait que c’était possible et qu’il voulait faire mieux. Les camions ont demandé du sang, de la sueur et des larmes, mais les résultats les ont également convaincus de continuer. Petit à petit, tous les composants ont été intégrés dans un design unifié et la gamme s’est élargie pour inclure deux camions à chevaux pour le permis de conduire B et des camions de vie pour d’autres applications telles que le cyclisme et le sport automobile.
L’expansion de la gamme est axée sur le client. Le client montre la voie, ça peut aussi bien être le cavalier – et ses parents – qui doivent transporter un cheval pour la première fois, que l’athlète chevronné qui se rend à des compétitions de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines.
La majeure partie de ces clients monte en saut d’obstacles, une discipline dans laquelle le couple se sent lui-même très à l’aise. « Nous avons tous deux grandi dans le monde du saut d’obstacles, Katrien de manière récréative et régionale et moi-même au niveau LRV », explique Kris Callewaert. « L’amour de la discipline réside dans la stratification du sport. Il faut un dressage de base pour que tout se passe comme prévu : contrôle, sensibilité aux aides et équilibre. J’aime voir des chevaux qui ont une belle forme athlétique, un regard intelligent et des allures électriques, des pieds légers. Un cheval intelligent qui réfléchit avec le cavalier et qui veut concourir pour le résultat escompté. » Aujourd’hui, ils ne montent plus eux-mêmes, la relève est assurée par leur fille aînée Alexy et son petit ami Mathieu, mais ils continuent à élever et à entraîner de jeunes chevaux dans leur écurie de Ruiselede. Les chevaux trouvent de nouveaux foyers aux quatre coins du monde. Les écuries Krismar, c’est surtout du loisir. « En partie grâce aux efforts quotidiens de notre grande équipe à l’écurie », ajoute Katrien.
Les compétitions se déroulant de plus en plus à l’échelle internationale, les camions à chevaux confortables et luxueux trouvent de plus en plus leur place. De l’automne au printemps, lorsque la météo est discutable, de plus en plus de cavaliers affluent dans le sud de l’Espagne pour continuer à vivre ce sport. « Les compétitions se déroulent sur des distances de plus en plus grandes. Il va de soi que le cheval doit être transporté de la manière la plus confortable possible », déclare Katrien. « Le bien-être des hommes et des animaux est très important car nous sommes convaincus qu’une conduite détendue, avec un minimum de stress négatif, est bénéfique et même une nécessité pour être performant lors des compétitions ». En travaillant avec des matériaux spécifiques, qui donnent aux chevaux un sentiment de sécurité, un contrôle de la température, un sol souple et en fournissant de l’air et de la lumière (bleue) dans leur espace, nous visons à détendre l’animal. Le bon design est très important pour le bien-être, également pour le cheval. »
Le fait que le design soit très important pour le couple se remarque immédiatement dans la ligne qui se reflète dans toute la gamme. Ils se laissent notamment inspirer par le monde automobile. « Même en choisissant la voiture que vous utilisez tous les jours, vous voulez sentir : cette voiture me convient, c’est mon style », poursuit Kris. « Il y a une connexion avec elle. Nous aimons les voitures solides et sportives et nous voulions transférer cela aux camions. Nous avons travaillé pendant des années pour mettre au point ce design. Aujourd’hui, nous pouvons parler d’une ligne KR, que vous pouvez trouver dans les modèles Exclusive, Professional, 2 chevaux, les remorques et les Motor homes. »
Ce design, en outre, va toujours de pair avec la fonctionnalité. « Tout ce qui est nécessaire à une voiture, nous trouvons le moyen de l’intégrer dans le design. Nous nous efforçons d’atteindre ce niveau et nous y parvenons. Lorsque nous personnalisons des camions, nous vérifions d’abord si le concept est réalisable. Parfois, nous nous heurtons aux limites de la mécanique ou de la législation. Bien entendu, un camion ne peut avoir qu’une longueur, une largeur et une hauteur limitées. »
La famille est très importante pour Kris et Katrien. Ils la voient dans leur propre maison et dans celle de leurs clients. C’est aussi une caractéristique du sport équestre que Kris évoque sans cesse : on le vit ensemble. Les grands-parents, les parents et les enfants sortent ensemble pour vivre le sport, ils adorent ça. « Le sport permet aux familles de rester unies. Il y a aussi la nécessité, bien sûr. On est sur place, il faut du matériel et donc des investissements, en temps et en argent. »
« Au sein de la famille, pendant ce temps, Alexy, la fille aînée, a rejoint le sport. Elle monte pour les écuries Krismar et se déplace pour faire notre promotion. On sent que son intérêt pour notre entreprise est là. Elle est maintenant entrée au collège universitaire dans une licence de commerce. L’histoire va continuer. »
Le travail et la vie privée ne s’équilibrent pas mais s’entremêlent. Les deux entrepreneurs ont grandi dans un monde où le travail passait toujours en premier. Tout le reste est construit autour de lui. « C’est une vie intense et tout le monde ne peut sans doute pas supporter un tel style de vie. Le travail ne s’arrête pas, mais nous ne voulons pas qu’il en soit autrement non plus. Chaque jour, nous réfléchissons et nous nous efforçons d’optimiser », résume Katrien.
En tant qu’entreprise aussi, ils sont une famille de 250 personnes qu’ils veulent garder ensemble et heureuses. Ce n’est pas évident, Kris le sait. « Les gens ont des idées différentes de celles de leurs collègues avec lesquels ils travaillent quotidiennement. Régulièrement, nous nous réunissons pour confirmer l’objectif et la direction que nous prenons. Si quelqu’un voit les choses différemment, nous prenons le temps de discuter. » Kris et Katrien sont bien conscients que le groupe Krismar existe en partie grâce à l’engagement, aux connaissances et à l’expérience de leurs collaborateurs, et ils sont très reconnaissants de cette fidélité.
Le facteur humain est devenu plus critique que jamais dans un monde de plus en plus automatisé. Les talents sont de plus en plus recherchés et difficiles à trouver. Il y a environ 40 postes vacants au sein du groupe. Il est donc très important de garder la famille KR heureuse et d’assurer la continuité, confirme le couple.
« Pour 2023, nous prévoyons d’élargir la gamme et de poursuivre l’agrandissement de nos installations à Zwevezele », explique Katrien. « Un garage supplémentaire sera ajouté ainsi qu’une station de lavage. De cette façon, nous voulons servir les gens encore mieux en termes de service, en offrant la possibilité d’agrandir, restreindre ou remplacer complètement la flotte de véhicules. Le site fonctionnera également entièrement avec ses propres sources d’énergie et fournira dix points de recharge publics. »
Construire un camion électrique n’est malheureusement pas encore possible, car il ne devient rentable qu’avec un kilométrage élevé. « Nos camions parcourent généralement entre 10 000 et 20 000 kilomètres par an et sont beaucoup utilisés à l’arrêt, ce qui nécessite un investissement important pour la batterie. Un investissement que nous ne pensons pas rentable pour l’instant, mais que nous suivons cela de près », explique Kris.
Guerre et corona
Les dernières années ont été intéressantes, d’abord avec la Covid-19, puis avec la guerre en Ukraine.
« Beaucoup de choses ont changé. Avant la Covid-19, nous avions un flux constant de production et pendant la pandémie, de nombreux ralentissements sont soudainement apparus dans la chaîne d’approvisionnement. Ce fut une route cahoteuse », explique candidement Kris. « Au début, c’était intense parce que le monde s’est vraiment arrêté pendant un moment, mais en fait cela s’est vite rétabli. »
« La guerre en Ukraine est une histoire complètement différente. Un calendrier et un approvisionnement qui nous avaient toujours semblé très logiques ne l’étaient soudainement plus. L’approvisionnement annoncé en avril n’a été reporté à l’automne qu’en mars. À ce moment-là, nous avons dû modifier une partie de notre production pour continuer à fonctionner. L’un de ces changements a été, par exemple, la diversification de notre produit. Nous avons commencé à construire le camion à deux chevaux sur le châssis Ford. De plus, nous avons inversé le flux de travail du camion pour chevaux afin de construire toutes les enceintes en attendant le châssis. Nous n’avions pas vu venir ce ralentissement. Dans d’autres domaines, nous avons ressenti cet effet et avons consommé une grande quantité de notre stock, principalement lié à la construction des utilitaires. »
L’objectif ultime de Krismar est de servir tout le monde et d’avoir des clients qui décident aujourd’hui et repartent demain. Avec les investissements de ces dernières années, ils travaillent déjà dur pour y parvenir.
